這張照片攝于天壇公園的一個早上。我不得不鑽進樹枝裏拍攝。雖然很不舒服,我還是花了好幾分鐘來擺弄設備。在我看來,太極是中國最具特色的休閒活動之一,而且覺得在樹木間透過的光線特別能顯出它的美。如果因為怠惰而把這幅畫面丟在一邊,就太可惜了。
法文原文:
A l’été 2008, alors que je finissais ma première année de master, je décidais de vivre une nouvelle expérience en me lançant dans l’étude d’un pays non-occidental et dans l’apprentissage de sa langue. Si je précise « non-occidental », c’est parce que je tenais à connaître quelque chose de vraiment différent de mes habitudes françaises. Au début je ne pensais pas à la Chine plus qu’à un autre pays. Bien que mes grands parents paternels viennent du Guangdong, mon père est né au Cambodge avant de venir en France et je ne parlais pas un mot de mandarin ni du dialecte de mes grands parents. J’avais alors passé toute ma vie en France sans porter une attention particulière à la Chine.C’est au fur et à mesure de mes réflexions que le choix de la Chine s’est imposé. Une des raisons principales est que je commençais à découvrir la calligraphie chinoise à travers des expositions et des livres. J’ai éprouvé un intérêt si vif pour cet art que, bien qu’étudiant en géographie et non pas en histoire de l’art, je décidais d’orienter mon choix vers la Chine et de commencer à étudier la calligraphie. Les hasards d’affiches placées dans des librairies ont alors conduit mes pas vers l’atelier de M. GU Gongdu (顧公度), dans le treizieme arrondissement de Paris, où se trouve le Chinatown. Cet homme remarquable, doué aussi bien en calligraphie qu’en peinture à l’huile ou à l’aquarelle a joué un rôle déterminant dans ma découverte de la calligraphie. Recevoir ses conseils et le voir à l’oeuvre m’ont permis de m’initier et de contempler toute l’élégance et la maîtrise d’un artiste confirmé, ce qui est une source inestimable d’inspiration et de motivation.
Si le déclic de mes expériences artistiques récentes a eu lieu en France, mon arrivée en Chine d’abord dans le cadre de ma deuxième année de master puis dans celui de ma thèse de doctorat a été à la fois une confirmation et une ouverture vers d’autres arts.
Tout d’abord, en arrivant en Chine, j’ai pu constater la place de la calligraphie dans la culture chinoise. Elle est fondamentalement différente de celle qu’à la calligraphie latine en France. En effet, alors que la calligraphie est en générale considérée comme un art mineur en Occident, bien loin derrière la peinture, elle est en Chine l’art graphique par excellence et la source de la peinture. Cette importance se manifeste de manière extrêmement frappante. Dans chaque parc, on trouve une personne qui trace des caractères à l’eau sur le sol, maniant avec dexterité un pinceau en mousse dont l’inélégance contraste avec la beauté des caractères qui en jaillissent. Dans chaque université, on trouve un club de calligraphie. Dans chaque quartier on trouve des ateliers qui enseignent la calligraphie, souvent à des enfants ou à des personnes d’un certain âge désireuses de renouer avec un élément fondamental de leur culture. Dans chaque papeterie, on vend encre et pinceaux de calligraphie.
Entrer en contact direct avec la société chinoise et sa culture a été une expérience particulièrement stimulante. Dans le laboratoire de mon université, j’ai pu bénéficier des conseils de DU Shiqiang (杜士強), qui m’a fait découvrir le style de ZHAO Mengfu (趙孟頫), que j’ai maintenant commencé à étudier. Aux portes de mon université, j’ai découvert un petit atelier ou j’ai pu poursuivre mon apprentissage. La personnalité chaleureuse, l’ouverture d’esprit, l’intérêt pour différentes formes d’art et le talent de M. LI Hui (李老師) m’ont poussé à aller plus loin dans ma démarche et à corriger (ou en tout cas tenter de corriger) certains de mes défauts. Tout d’abord, je suis sorti de la seule étude du kaishu (la calligraphie régulière, celle des caractères tapés à l’ordinateur). Celle-ci demande controle et un certain maniérisme mais, d’après M. LI, elle n’est pas le coeur de la calligraphie chinoise car ce n’est pas elle qui permet d’exprimer pleinement le souffle vital qui habite l’artiste (ou l’apprenti artiste). Il m’a donc encouragé à commencer l’étude du xingshu, dont les mouvements sont à la fois subtils et naturels. Depuis ma plus petite enfance, j’ai toujours dessiné ou peint pendant mon temps libre, et si cela m’a sans doute aidé à comprendre la calligraphie et m’a rendu familier avec le maniement d’un piceau, cette influence du dessin a aussi son revers. « Tu ne calligraphies pas, là, tu dessines ! » me disait M. LI. Quelle est cette différence ? Tout d’abord, elle réside dans le maniement du pinceau. Lorsque je dessinais, en particulier sur des feuilles de taille assez restreinte, j’avais tendance à beaucoup me servir de mes doigts. Personne ne me l’avait jamais reproché et d’ailleurs, dans la plupart des cours de dessin en France, personne ne vous conseille vraiment sur la tenue du pinceau. Or, en calligraphie, l’essentiel du mouvement est en général lié au poignet et non aux doigts. Cela permet de simplifier le tracé et est finalement plus naturel. Mais lorsque vous êtes habitué à dessiner avec vos doigts cela n’est justement, pas très naturel pour vous, et il faut accepter de se remettre en question. Une autre raison pour laquelle je « dessine » au lieu de calligraphier est que, ne maîtrisant pas suffisamment la graphie des caractères, je suis obligé de recopier des modèles en gardant les yeux fixes sur eux. Or, la véritable calligraphie suppose davantage de spontanéité. Je ne désespère pas d’atteindre un meilleur niveau, mais mon objectif n’est pas forcément de devenir un « vrai calligraphe ». En effet, la calligraphie est un art dont la pratique et la compréhension permettent d’aller plus loin dans son pacours artistique général et peuvent s’hybrider avec d’autres formes artistiques.
C’est exactement ce qui est arrivé lorsque l’on m’a demandé de servir d’interprète (français-anglais) pour un événement avec deux artistes belges, en l’occurence le graffeur Métaparole et Luis Polet. Je les ai finalement accompagnés pendant l’essentiel de leur séjour à Pékin ainsi que de leurs rencontres avec des artistes chinois, notamment des graffeurs. Je citerai ainsi le groupe ABS et en particulier ANDC. Si parmi ces-derniers certains se concentrent sur un graffiti de type occidental, d’autres n’hésitent pas à utiliser des caractères chinois dans leurs graffitis, ce qui peut donner des résultats étonnants et originaux. En effet, alors que le graffiti « occidental » se limite à 26 lettres différentes, les milliers de caractères chinois offrent des possibilités nouvelles. Et bien entendu, la calligraphie chinoise peut être une source d’inspiration formidable pour le graffiti. Les deux arts apparemment dissemblables partagent en fait de nombreuses caractéristiques : rapidité d’exécution, importance du geste, pureté du tracé. Cela qui n’a pas échappé à Métaparole, à qui j’ai fait visiter Liulichang et à qui j’ai présenté M. LI et son atelier. Il a d’ailleurs littéralement dévalisé un magasin de pinceaux de calligraphie. Inversement, la calligraphie latine à la plume peut également être transposée de manière intéressante aux caractères chinois. Pour ma part, je procède modestement à quelques essais sur papier, en pensant approfondir mon approche par la suite.
Enfin, c’est en Chine que j’ai découvert la photographie. Jusqu’ici, je lui avais toujours préféré le dessin et j’avais une méfiance instinctive envers les machines sophistiquées que sont les appareils photo. Mais le fait de se retrouver plongé dans un nouvel environnement et l’envie de donner de faire partager cette expérience à des amis restés en France m’ont poussé à surmonter ce blocage. Encore une fois, l’aide précieuse de plusieurs amis a aussi joué un rôle déterminant. Il y a tout d’abord un ami d’enfance français, Simon Falvard, qui avait suivi un cursus de photographie et m’a donné énormément de conseils. Mais pour surmonter l’obstacle technique dans cet apprentissage, des e-mails n’étaient pas suffisants. J’ai eu la chance de bénéficier de l’appui de ZHU Chen (失晨), jeune designer né à Wuhan. Il a pris le temps de me faire comprendre les bases techniques de la photographie et m’a également conseillé dans mon achat de matériel à Pékin. Grâce à lui, j’ai pu commencer à prendre des photos correctes. Lors de ma première séance, je me suis rendue à 798 avec mon amie LI Xin (李欣). Mon but était de jouer sur le contraste entre un environnement qui symbolise la Chine moderne, avec ses anciennes installations industrielles, et des éléments de la culture chinoise traditionnelle : j’ai demandé à LI Xin de choisir une robe qipao et d’apporter une ombrelle. Je tiens à la remercier pour sa patience et son implication dans la séance de photographie. Nous nous étions donné rendez-vous à 6h du matin et avons terminé les photographies à 1h de l’après-midi. Et bien entendu, en tant que débutant, j’ai commis de nombreuses erreurs. Malgré cela, elle ne s’est jamais agacée.
Bien entendu, je me suis également attaché à photographier des lieux pour lesquels j’éprouve une émotion particulière, ainsi que des situations sur lesquelles je tombais par hasard au gré de promenades dans les rues de Pékin. Au delà de cette approche très classique, des rencontres m’ouvrent maintenant de nouvelles perspectives. Alors que je commençais à faire des progrès avec mon appareil et ai photographié un bon nombre d’événements pour le site The Beijinger ou des musiciens, une amie, Nana (馬妍), m’a présenté à LI Linyao (李林瑤), une maquilleuse professionnelle qui a d’ailleurs appris son métier lors de trois années d’études en France. Yaoyao, qui vient du Hubei, m’a ensuite fait rencontrer Sabrina Hu (胡娜), née en Italie de parents chinois du Zhejiang et qui a travaillé comme designer pour Armani avant de venir à Pékin, et YAN Ting (閆婷), mannequin originaire de Lanzhou. Pour l’instant, nous n’avons pu réaliser qu’une seule série de photos, qui avait plus pour but de faire connaissance et de voir s’il était possible de travailler ensemble que de produire des images exprimant un concept particulier. Il était important de vite se lancer dans quelque chose de concret afin de ne pas sombrer dans des discussions certes intéressantes mais qui ne se traduisent pas en actes. Cette première coopération a été très fructueuse sur le plan humain. Nous discutons maintenant de projets plus précis, qui cherchent à mêler approches chinoises et européennes (française et italienne en particulier). Nos origines et trajectoires de vie différentes sont une richesse que nous nous efforçons de concilier. L’intérêt général pour l’art que nous partageons tous nous réunit et nous permet de construire nos projets ensemble. Certes, une personne réalise le maquillage, une autre les vêtements, une pose et la dernière prend des photos et les travaille sur ordinateur. Mais à chaque étape, les quatres personnes discutent ensemble. Loin de créer lenteur et lourdeurs, cela est au contraire extrêmement stimulant. J’espère que nous allons nous lancer dans de nombreux projets en commun et que je vais continuer à apprendre de ces échanges.
Dans le même temps, j’essaie de mettre sur place un groupe « arts graphiques » au sein de la JCEF (Jeune Chambre Economique Francaise) de Pekin. Je souhaite que cette initiative permette de renforcer les échanges artistiques entre la France et la Chine, tout d’abord à un humble niveau, et si possible, une fois les premières étapes de son développement passées, de manière plus conséquente. Je suis extrêmement chanceux d’avoir rencontré autant de personnes intéressantes et ouvertes d’esprit, et j’espère que de nombreux Chinois et Français ont et auront l’occasion de découvrir la culture de l’autre pays et d’établir des ponts entre celles-ci.
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